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KIENHOLZ Edward

Né en 1927 à Fairfield aux Etats-Unis.
Edward Kienholz fait des études classiques au Whithwoth College de Spokane de 1945 à 1952. Dans les années cinquante, il réalise des sculptures en autodidacte. Sa première exposition personnelle a lieu en 1955. En 1972, il se marie avec Nancy Reddin; ils commencent à travailler ensemble. Edward Kienholz est mort en 1994 à Sandport dans l'Idaho


PRESENTATION

Dans les années soixante, Edward Kienholz présente des environnements qui sont des remises en question du sacré, des institutions, du sexe; un constat de détresse et de misère. Il recrée des scènes d'hôpital (voir sélection n°7), d'intérieur, de bordel, en utilisant des objets amassés au cours des années qui prennent une "identité après coup".

À partir de 1972, les tableaux-assemblages d'Edward Kienholz et de Nancy Reddin sa femme, constitués d'objets, de peintures et de photographies, parlent de la vie et de la mort, de la peur de la mort, de la guerre, de l'exclusion sociale ou raciale, de la solitude.
On peut considérer Edward Kienholz comme un brillant satiriste américain et un moraliste qui perçoit l'absurdité de l'état humain. Il a toujours gardé une sympathie pour les moins chanceux, pour les plus démunis. Mais il s'est montré sans pitié pour ceux qui usent de leur puissance aussi bien dans les rapports humains que dans l'arène politique.
Les critiques apparentent souvent son travail au "Surréalisme", et aux dadaïstes allemands comme Marcel Duchamp et Joseph Cornell. Tandis que Duchamp choisissait des matériaux usinés et neufs pour ses readymades, Kienholz a toujours utilisé dans ses installations, des photographies, des vêtements, et des meubles d'occasion qu'il rassemblait dans ses sculptures, ses tableaux et ses environnements comme pour garder la mémoire humaine.
Si les boîtes de Joseph Cornell sont de facture subtile, les assemblages de Kienholz choquent notre conscience. En termes de contenu, on retrouve chez Kienholz la tradition de Goya et de Daumier de considérer l'inhumanité de l'homme. En même temps Kienholz n'est pas un simple voyeur. Il communique l'empathie et la culpabilité de sorte que nous devenons face à ses œuvres à la fois victimes et bourreaux (si nous restons passifs).
Pendant les années 60, quand beaucoup de gens faisaient campagne pour la légalisation de l'avortement légalisé, Kienholz réalise "l'opération illégale" (Voir sélection n°1), dans laquelle le corps d'une femme, représenté par un sac en toile de jute rempli de ciment, est attaché au dos d'un caddie. Les seaux, les pots, et les bassins autour sont dégoûtants et rouillés. Les instruments chirurgicaux souillés sont posés sur une couverture en loque. Sa conception circulaire renforce l'horreur de la scène. L'installation est une explosion de désespoir d'une incroyable violence. Cette œuvre sur l'avortement n'a pas son équivalent dans l'art moderne et contemporain. L'Art de Kienholz est laid et non raffiné, vulgaire. Mais la beauté dans l'art de Kienholz est dans sa vulgarité même: la vulgarité de la vérité. Il n'était jamais politiquement correct. Son œuvre a une portée universelle. Elle frappe au cœur même de l'hypocrisie générale de toute nation et de toute société. Kienholz est avant tout poseur de questions et ses questions prennent des formes artistiques. Même s'il a très souvent récusé le fait que son œuvre soit une critique violente de la société au sens politique du terme, ses installations sont autant de prise de positions. La fragilité de l'existence que Kienholz essaie de sauvegarder, la violence et la guerre qu'il dénonce, le temps qu'il tente de retenir, la vie qu'il voudrait vivre intensément…, sont autant de preuves de son engagement. Ce qui est surprenant c'est de voir comme les questions que posent les œuvres de cet artiste sont malheureusement encore d'une grande actualité.

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OEUVRE :

Le travail d'Edward Kienholz nous fait découvrir un autre visage de l'Amérique. Ayant grandi dans une ferme misérable de l'est de l'État de Washington, et après avoir passé plusieurs années à exercer de petits métiers, Kienholz estimera relativement décadent de travailler avec de l'huile sur de la toile. Il développe alors une variante personnelle du tableau de personnages en cire, qui lui semble être le meilleur moyen d'exprimer l'existence misérable et aliénante des classes pauvres de l'Amérique moderne. Dès le début des années soixante, ses installations sont des remises en question des valeurs morales et sociales. Elles dénoncent les tabous sexuels, notamment liés à la contraception, mais aussi nous confrontent à la maladie et à la mort. Kienholz peuple ses environnements de mannequins pétrifiés dans une résine de fibre de verre. Ses personnages sont des enfants, des adultes ou des vieillards, vêtus ou dévêtus, de pauvres gens "vestiges de l'expérience humaine". Leur face trouée est emplie par un aquarium, une pendule, une télévision. Les tableaux-assemblages d'Edward Kienholz, constitués d'objets, de peintures et de photographies, parlent de " la vie et de la mort, de la peur de la mort ", ils traitent de la guerre, de l'exclusion sociale ou raciale, de la solitude. Dans cet art d'assemblage, rien n'est laissé au hasard: chiffons, ferraille, caoutchouc, plastique, fil de fer, plâtre, autos, meubles, vêtements, instruments médicaux, pierres tombales… Kienholz n'utilise pas, comme le " Junkart " et comme Robert Rauschenberg, ces divers objets pour ce qu'ils contiennent de beauté ou d'antibeauté, il intègre ces éléments dans un tout qui est l'environnement, le " tableau " final. Rien n'est transfiguré, rien n'est dégradé. Le moindre détail porte, inséparable du reste.

Pour Kienholz, il faut oublier la mort et le temps, la mort présente et à venir, sous toutes ses formes, et d'abord la mort violente. Pour cela, il nous invite à aller chez "Roxy's" (voir sélection n°2), une œuvre qui fait référence au fameux bordel de Las Vegas, ou à la "Beanery"(voir sélection n°3), un bar de Los Angeles dit aussi " fosse commune ", sanctuaire où l'alcool supprime les barrières sociales rend tout possible, permet de s'évader, de se relaxer et de tuer le temps.

Autres solutions que l'artiste nous suggère pour conjurer notre sort: donner naissance à la vie avec l'œuvre "the Birthday" (voir sélection n°4); se livrer aux plaisirs amoureux sur le siège arrière d'une voiture (voir "the Back Seat Dodge'38", sélection n°5). On peut aussi choisir de s'enfermer dans la sécurité d'un intérieur petit-bourgeois (cf."the Eleven Hour Final"); ou magnifier les morts pour la patrie (voir "the Portable War Memorium" sélection n°6). Ces "tableaux" sont un commentaire dont le but est de pousser les gens à réfléchir sur leur condition et sur le monde actuel.


Un extrait de la lettre parue dans la revue "Artforum", en réponse à une attaque violente contre sa pièce "Portable War Memorial", révèle avec force et précision sa prise de position:

"Je pense que la combativité est naturelle, nécessaire même; mais je la voudrais cependant véhiculée, canalisée par une pensée maîtresse d'elle même et responsable. La plus riche et la plus puissante nation du monde ne peut jamais l'emporter dans un combat singulier - bien sûr ILS ont gagné car ILS étaient les plus forts - . Notre situation morale, éthique, n'est pas brillante au point de désirer en écraser les autres cultures. En tant que nation et en tant qu'individus, peut-être devrions-nous situer nous-mêmes notre influence à un niveau plus élevé. Je regrette tous ces hommes morts dans l'absurdité de la guerre car, dans leur mort, je ne peux pas lire notre avenir."


Le constat de détresse et de misère qui se dégage de son œuvre a tellement choqué l'Amérique puritaine que l'artiste ne pouvait pas présenter son travail dans des institutions culturelles. Il quitta les Etats-Unis au début des années soixante-dix et s'installa en Europe où enfin de grandes expositions lui furent consacrées. Il faudra attendre plus de vingt ans pour que les grands musées américains lui accordent la place qu'il mérite.

 

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BIOGRAPHIE

Edward Kienholz est né en 1927 à Fairfield, Etat de Washington, à la frontière de l'Idaho, dans une famille de fermiers. Il a étudié à l'université de Washington et à l'université de Whitworth, Spokane, mais n'a pas reçu une formation artistique. Pour vivre, il exerce divers métier: gardien dans un hôpital psychiatrique, impresario d'une troupe de danseurs, acheteur et revendeur de voitures d'occasion, trafiquant d'alcools, étalagiste, représentant en aspirateur, restaurateur, directeur d'une agence d'automobile...
En 1953 il s'installe à Los Angeles.
En 1954 il réalise ses premiers reliefs colorés. Il cloue et colle des vieux morceaux de bois sur des panneaux, puis les peint de manière agressive, à l'aide d'un balai. Ils donnent des titres humoristiques à ces œuvres comme "afin d'en rire et, donc, de s'en libérer".
En 1956 il fonde la galerie MAINTENANT (Now Gallery), une des premières galeries d'art d'avant-garde.
En 1957 après la fermeture de la Now Gallery, il ouvre avec Walter Hopps la galerie The Ferus et ils montrent la première œuvre qui annonce les grandes installations: "George Washington devant sa charrue". Les reliefs abstraits de cette époque, dont les titres se réfèrent à des personnes, marquent un besoin croissant de représentation figurative. En même temps, Kienholz utilise de plus en plus d'objets trouvés dans les dépotoirs de la ville.
En 1958 il réalise sa première œuvre dont le titre "L'incident de Little eagle rock" se réfère à un événement d'actualité (la crise d'intégration raciale à Little Rock). Il s'agit d'un objet trouvé (une tête de daim) peint en noir et fixé à l'envers sur une peinture relief.
En 1959, "L'exposition médicale" représente une nouvelle étape dans le travail de l'artiste, entre le dessin et la sculpture: Kienholz fait pivoter l'armature de bois sur la surface du mur et certaines parties sont mobiles. L'œuvre peut être lue soit "ouverte", soit "fermée". Ce dispositif sera repris plus tard dans de nombreux assemblages en forme de boîte.
À la fin des années 50, Kienholz abandonne ses peintures abstraites pour construire des objets figuratifs en trois dimensions.
En 1961 il crée son premier environnement intitulé Roxy's, qui suscitera beaucoup d'agitation lors de sa présentation à la Documenta de Kassel en 1968.
En 1966 la présentation de son travail au County Museum of Art de Los Angeles "The Backseat Dodge'38" fait un véritable scandale qui entraîna la fermeture de l'exposition. Le thème de ses environnements est la vulnérabilité de la vie privée de l'individu face aux conventions sociales.
En 1972 il rencontre Nancy Reddin à Los Angeles et l'épouse. Ils travaillent ensemble. En 1973 il est invité à Berlin et part avec Nancy. Ses travaux plus importants pendant cette période sont le Volksempfänger (appareil de réception par radio de la période socialiste nationale en Allemagne). Depuis lors il a vécu entre Berlin et l'Idaho. Edward Kienholz est mort en 1994 à Sandport dans l'Idaho. Ce n'est qu'en 1996 que le Whitney Museum de New York lui consacre une exposition rétrospective.

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Expositions (sélections)


1960 Ferus Gallery, Los Angeles
1961 Ferus Gallery, Los Angeles, présentation de "Roxy's"
Pasadena Art Museum, Pasadena, Californie
1963 Ferus Gallery, Los Angeles
Alexandre Iolas Gallery, New York
1965 Dwan Gallery, Los Angeles et New York
1966 The Los Angeles County Museum of Art. (scandale de The Backseat Dodge'38" et fermeture autoritaire de l'exposition par la municipalité).
1968 Documenta IV, Allemagne, Cassel
1972 Documenta V, Allemagne, Cassel
1977 France, Paris, Centre Georges Pompidou / Mnam - Galeries contemporaines et Forum, exposition individuelle
1985 Exposition "L'Art et le Temps. Regards sur la quatrième dimension", France, Villeurbanne, Le Nouveau Musée/Institut
1996 Exposition "Beat Culture and the New America: 1950-1965", USA, Minneapolis, Walker Art Center / Minneapolis Sculpture Garden
1996 KIENHOLZ: A Retrospective, USA, New York, Whitney Museum of American Art
1997 Exposition "Sunshine & Noir. L.A. Art 1960-1997", Danemark, Humlebaeck, Louisiana Museum of Modern Art
1998 Exposition "Wounds: Between Democracy and Redemption in Contemporary Art ", Suède, Stockholm, Moderna Museet
2000-01 "International Offerings, Contemporary and Modern", Jack Rutberg Fine Arts,
Los Angeles.
"Evidence of Love, Romance, Desire & Fantasy ", Jack Rutberg Fine Arts,
Los Angeles.
2003-04 "It's Not the Size that Counts: Treasures Big & Small ", Jack Rutberg Fine Arts,
Los Angeles.

2004 Nancy Ruddin et Ed. Kienholz, Galerie Daniel Templon, Paris, Avril-juin


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